Le filtrage de contenu
Il attend tapi dans un coin sombre, sa capuche sur la tête, en rediffusion intérieure des mouvements de Forrest dans Ghost Dog, car il est impératif qu'il ne soit pas vu, encore moins reconnu.
Le temps d'une énorme inspiration, il se retrouve mêlé à la foule, à la quête d'une proie facile, afin, d'un air futile, arraché un sac suspendu à son fil à une silhouette filiforme aux contours fragiles.
Une fois son choix arrêté sur sa future victime, il hâte le pas pour préparer sa fuite, commence à tendre la main pour se saisir de sa boite de Pandore, baisse la tête pour être plus furtif et tire sur ce qui lui semble être le sac à main de cette pauvre jeune fille qu'il a repéré.
Le temps se suspend...
Une résistance inattendue et mal venue, l'oblige à lever la tête car il a été stoppé net dans son départ de course, les jambes encore suspendu dans les airs dans un délai qui paraît interminable, son regard croise celui de celle montée comme une armoire à glaces, qui a tiré elle aussi pour garder son bien, créant ainsi un mouvement de recul suivi par son seul buste.
Malgré la situation, il apprécie tout de même ces quelques secondes de vol plané...
Le temps reprend son cours normal !
Elle se jette violement sur ce freluquet qui ne peut éviter la pluie de coups qui s'abattent sur lui avec l'objet de sa convoitise. La taille de la chose ne peut en rien expliquer le contact si désagréable avec sa mâchoire car on croirait qu'il contient une enclume tellement la douleur est forte et le trouble intense, il sent le KO poindre.
Ralenti.
C'est pas comme ça que ça devait se passer !!!
Accélération temporelle.
La foule se joint à la femme qui doit avoir un taux de testostérone suspect et commence à entamer une danse macabre autour du voleur en dilettante, il ne peut plus bouger et une multitude de sacs à mains s'entrechoquent en rythme sur son corps.
Le temps s'arrête.
Le regret devient le sentiment dominant, il repense à cette conversation stupide autour d'une bière, il aperçoit dans la cohue ses potes morts de rire depuis la fenêtre où ils regardent la scène, en repensant au pari qui a suivi ladite conversation, se sentant crétin d'avoir voulu relever le défi plutôt que d'avoir appelé sa dulcinée.
Le sang commence à couler, il sent ses forces le quitter, tandis que la police arrivée sur les lieux ordonne aux furies de se disperser, il glisse lentement dans son évanouissement, sans réponse à la question "qu'est ce qu'il y a dans le sac des filles", en se demandant si toutefois, toujours dans sa vision pleine de préjugés, ce ne serait pas un godemiché en bois ou des boules de geishas.
Plus tard à l'hôpital, à son réveil à une infirmière il demandera ce qu'elle cache dans son accessoire d'apparat, le sourire aux lèvres car au courant de l'historique, elle se contentera de lui dire de se méfier du pouvoir de la brosse à cheveux qu'utilisait Rambo...
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